Jeffery Deaver
Traduit par Isabelle Maillet
664 pages
Calmann-Levy, 2003, Le Livre de Poche, 2005
Vous avez un ordinateur ? Vous écrivez des mails, vous conservez des photos, vous effectuez des transactions financières ? Coupez tout !
Ah mais même cela ne servirait à rien, car probablement que toutes vos données antérieures se trouvent stockées quelque part et peuvent ressurgir à tout moment. Ou bien vous êtes un expert en informatique, un wizard, et vous aurez vous-même effacé toutes ces données.
L’atteinte à la vie privée, le détournement d’informations à des fins malhonnêtes et ici meurtrières, voilà le sujet du livre de Jeffery Deaver.
Californie, Silicon Valley, début des années 2000.
Un hacker, Wyatt Gillette, condamné à quelques années de prison pour avoir piraté quelques systèmes gouvernementaux, est extrait de sa cellule pour aider la Brigade de répression de la criminalité informatique (BRCI) à traquer un meurtrier qui semble accaparer la vie virtuelle de ses futures victimes pour mieux les piéger.
Le lecteur entre alors dans un monde parallèle où la police dispose de moyens financiers et techniques relativement réduits pour mener ces recherches, comparativement au génie dont certains humains font preuve. On y découvre que le meurtrier peut se faire passer pour votre meilleur ami, tuer votre patron, infiltrer la police et donc donner des ordres pour contrecarrer les avancées que vous faites pour le trouver.
Il existe néanmoins un code d’honneur des hackers (enfin, de ceux d’avant!) : l’interdiction de s’attaquer à des individus, l’enjeu – voire le jeu – consistant surtout à trouver les failles de sécurité dans les grosses entreprises ou systèmes gouvernementaux.
Mais le tueur, ici, s’attaque à tout. Car il joue. Il veut acquérir des points, et plus la difficulté est grande pour accomplir sa sinistre besogne, plus de points il engrangera. Et sa folie meurtrière peut également passer par simplement générer de la peur et du stress chez ses adversaires lorsqu’il estime que les atteindre est trop facile.
Alors l’équipe de la BRCI, des spécialistes en informatique mais surtout des policiers, aidés par Wyatt, vont devoir se méfier de tous, et peut-être même de leurs proches.
Je ne souhaite pas dévoiler plus, car il y a de nombreux rebondissements dans ce livre, très addictif, même pour moi qui n’y connaît pas grand-chose en informatique. Je l’ai trouvé assez accessible néanmoins (un glossaire est placé en tête de livre, bien pratique) pour comprendre les manipulations que font les uns et les autres dans ce jeu de dupes, cachés derrière leur écran.
L’équipe de la BRCi, avec Franck Bishop notamment, est attrayante, voire attachante, chacun ayant sa personnalité et ses réticences à travailler avec un détenu, fut-il un des meilleurs spécialistes informatiques au monde : Tonny Mott le jeune flic qui n’attend que l’occasion d’aller sur le terrain, Shelton qui manifestement déteste Wyatt et l’informatique, Stephen Miller l’informaticien un peu dépassé, et les deux femmes qui la complètent, Linda Sanchez la future grand-mère et Patricia Nolan la consultante.
On se laisse prendre au jeu, on essaye d’identifier les complices éventuels du tueur, et on fait fausse route en permanence, tel mené par un routeur qui nous ferait tourner en bourrique.
Un excellent thriller de Jeffery Deaver.