Cloé Korman
217 pages
Éditions du Seuil, août 2018
Rentrée littéraire
Marseille. Il y a quinze ans. Claire et Manu sont deux copines de dix-huit ans, qui débarquent de Paris pour encadrer un stage de théâtre pour enfants durant l’été, sous la direction de Dominique Müller, vingt-huit ans.
Paris, aujourd’hui. Claire est médecin dans un hôpital. Un homme alité, en fin de vie, demande à lui parler : c’est Dominique. Les souvenirs affluent alors dans l’esprit de Claire, souvenirs dans lesquels elle doit faire le tri, entre réalité et ressenti.
L’auteure fait ainsi alterner le présent et le passé, à la recherche de la vérité et d’une forme d’expiation. Car si Claire ne se souvient pas du nom de tous les enfants de cet été, certains sont gravés à jamais. Pour de tristes raisons. Car au-delà de la beauté de ce « midi » ensoleillé, on trouve beaucoup de noirceur et de lâcheté : celle des adultes, celle des enfants. Et une enfant va en faire les frais.
Cloé Korman construit un roman à la fois joyeux sur le plaisir de la découverte du dépassement de soi et de ses peurs intimes grâce à l’expression théâtrale, les jeux des enfants, la découverte du désir et triste avec l’indicible sur une toute petite fille qui gêne.
C’est un roman dérangeant car on se plairait à voir continuer cette expérience théâtrale dans le temps, qui semble avoir des vertus thérapeutiques pour certains, qu’on voudrait conserver cette luminosité propre au sud de la France, et cette insouciance associée à l’enfance. Mais on vibre avec Claire, on explore à travers son regard cette scène qu’est la vie, de façon très lente, et on sait très bien qu’après cet été, tout aura changé.