Sur ma peau

Gillian Flynn

382 pages

Le Livre de Poche, 2014

Fin de lecture 27 juin 2021.

J’avais été séduite par Les apparences, cela faisait longtemps que je souhaitais lire le premier écrit de Gillian Flynn et retrouver cette façon si particulière de créer un univers.

Et je n’ai pas été déçue.

C’est l’héroïne, Camille, qui raconte l’histoire, son histoire d’une certaine façon.

Camille est journaliste dans un obscur journal de Chicago quand son rédacteur en chef lui demande d’enquêter sur des disparitions de petites filles intervenues dans le Missouri. Curry pense en effet que Camille pourra écrire un article plus étoffé et obtenir des scoops en retournant dans sa ville natale.

Or c’est un crève-coeur pour la jeune femme qui a coupé les ponts avec sa richissime famille. Décidée néanmoins à écrire un papier digne d’obtenir le Prix Pulitzer, elle retourne à Wind Gap.

Petit à petit, Camille s’immerge dans cette ville et son propre passé, qui l’ont tant marquée qu’elle s’est infligée des blessures indélébiles.

Accueillie chez sa mère, l’excentrique Adora, et son beau-père, le falot Alan, Camille y renoue également avec sa demi-soeur, la jeune Amma. Les relations familiales sont tendues et complexes, et génèrent un malaise entretenu par la disparition prématurée de la sœur du milieu, Marian, quand Camille avait treize ans.

« La ville ne m’inspirait aucun sentiment d’allégeance particulier. C’était là que ma sœur était morte, là que j’avais commencé à me couper. Une ville si étouffante, si petite, qu’on y croisait chaque jour des gens qu’on détestait. Des gens qui savaient des choses sur vous. C’est le genre d’endroit qui laisse des marques. »

Camille retrouve ses anciennes camarades de lycée, mariées et mères de famille, qui ne correspondent plus à ce qu’elle en avait connu. Désœuvrées, occupées à dénigrer tantôt l’une, tantôt l’autre, leur fréquentation offre un jour nouveau sur l’ancienne vie de Camille.

Camille va également collaborer avec un inspecteur, Richard, venu aider le shérif en titre, et qui va lui offrir une parenthèse bienvenue dans la fournaise de la ville.

Gillian Flynn exerce son emprise sur le lecteur en l’invitant à suivre Camille dans cette petite ville où toutes les vilénies semblent être réunies. Des gamines surjouant un rôle de midinette aux parents éplorés jusqu’à la propre famille dysfonctionnelle de la jeune journaliste, on découvre une population qui s’épie, une violence larvée dans la chaleur moite du Missouri. Une horreur croissante. Un sentiment de dégoût pour les agissements des gamines délurées et violentes avec leurs semblables : sexe, drogue et violence à gogo…

Accompagner Camille dans ses recherches et son introspection s’avère douloureux, on voudrait l’encourager à faire ses bagages sans tarder.

Car ce n’est pas que la résolution des meurtres des petites filles que Camille va rechercher… c’est aussi sa propre vie !

Jusqu’à la dernière page, j’ai éprouvé un sentiment d’empathie pour la jeune femme, un trouble concernant cette jeunesse effrontée et une admiration pour l’imagination de l’autrice.