Mozart à Paris

Frantz Duchazeau (Scenario et dessin)

Couleurs Walter

96 pages

Casterman, 2018

Fin de lecture 10 décembre 2021

Voici une bande dessinée qui avait été présentée lors d’un club des lecteurs à son entrée dans le stock, mais que je n’avais pas encore eu l’occasion de lire. Il a été à nouveau présenté dans le cadre du bicentenaire du décès de Mozart, et j’ai pu découvrir une petite partie de la vie du grand musicien.

Grand par le talent, petit par la taille. Mozart en souffrira toute sa vie. Et la mise en image de ses trois ans passés à Paris, entre 1778 et 1781, montre bien comment le jeune homme de vingt-deux ans fait difficilement face à son handicap.

Ecrasé par cette petitesse et par l’emprise de son père qui souhaite contrôler sa vie, le jeune Wolfgang tente sa chance à Paris, accompagné par sa mère. Mais s’il est excellent musicien, il n’est pas homme d’affaires. Et dans le Paris troublé par les prémices d’une révolution qui s’annonce, Wolfgang peine à gagner son pain quotidien.

On découvre, au travers des missives adressées de part et d’autre, les rancœurs du compositeur et la pression de son père pour le faire revenir à Salzbourg.

Mozart est d’autant plus triste qu’il a laissé son amour derrière lui, Aloysia Weber. Et que sa mère décède à Paris durant leur séjour, du fait des conditions d’hygiène déplorables qui y règnent. Un nouveau point d’achoppement dans la relation entre le fils et le père, ce dernier reprochant à Mozart d’avoir entraîné la perte de sa mère.

Pour tout dire, ce n’est pas très joyeux ! Mais j’ai apprécié cette découverte d’un Mozart que je ne connaissais pas vraiment, son génie mis à mal par des basses considérations et par les complots de la cour. On peut par moment le trouver prétentieux, dédaigneux envers ceux qui méprisent son talent et ne jouent que de la musique alors que lui rêve d’écrire un opéra. Au regard de ce qui précède, on comprend que seule la composition est essentielle, et qu’il est terriblement malheureux de ne pouvoir y consacrer son temps.

Le talent du dessinateur et scénariste est indéniable : certaines images sont terribles, rendant parfaitement compte du dénigrement ressenti par le jeune homme, à la fois par son père, ses contemporains et même celle qu’il aime. A plusieurs reprises, son image rétrécit, disparaît en ne laissant qu’un halo, ou se brise carrément sous le poids du chagrin.

Au-delà de la seule partie biographique, le contexte historique est très intéressant, car l’auteur restitue bien les conditions de vie du peuple affamé et les puissants qui font et défont les réputations.

Un livre à découvrir.

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