Anita Shreve
325 pages
Éditions Libra Diffusio, 2004
Il s’agit d’une édition en gros caractères, il me semble que j’ai déjà lu ce livre il y a quelques années en poche, et quand j’ai eu l’opportunité de l’acheter dans une vente de destockage de la médiathèque, je n’ai pas hésité.
Sa lecture s’inscrit dans le cadre du challenge annuel lancé par Séverine (blog Ilestbiencelivre), avec pour le mois de janvier la consigne de lire un livre avec une couverture évoquant l’hiver. Je crois avoir bien trouvé!
Alors que Nicky, 12 ans, et son papa Robert se promènent dans la neige dans le New Hampshire, ils entendent un cri et trouvent un bébé dans une couverture pleine de sang. Ils foncent à l’hôpital et souhaitent en savoir plus sur les tenants et les aboutissants de cette découverte. Tout au long du livre, ils vont d’ailleurs s’interroger sur la naissance de cet enfant, sur celle qui lui a donné la vie, et se soucier de son sort.
La narratrice est Nicky.
Elle explique ce qui a amené son papa et elle à emménager, la mort de sa maman et de sa petite sœur Clara, les souvenirs qui lui reviennent de ces heureuses années ainsi que les relations douloureuses qu’entretiennent désormais le père et sa fille, au regret de Nicki.
La découverte du bébé et l’arrivée d’une jeune femme vont mettre fin au semblant d’équilibre qui s’était instauré entre Robert et Nicki. Celle-ci y voit une façon de faire enfin revivre son père et de modifier leur vie.
On se promène donc avec le regard de photographe de la fillette, bientôt adolescente, qui voudrait conserver les sensations et les objets qu’elle voit, tout comme les souvenirs autrefois exposés dans la maison familiale.
Un récit poignant et de magnifiques descriptions, tant de l’intérieur du foyer que de paysages enneigés – je me suis crue dans la tempête et j’ai senti le froid m’envelopper – concourent à faire de ce roman un très bon moment de lecture.
Citations :
« Dans mon esprit, une petite pierre est délogée dans un mur et, poussée en avant, elle finit par tomber. Les autres bougent, se réorganisent pour essayer de combler le vide, mais il reste quand même un trou par lequel l’eau, à savoir la mémoire, suinte. »
« De fins cristaux glacés tourbillonnent à présent et me piquent le visage si je ne baisse pas la tête. La couche de neige atteint près de quatre-vingt-dix centimètres, et dissimule herbe et buissons ; elle s’étend dans toutes les directions, seuls les arbres se détachent sur ce fond. Chaque branche de pin ou de bouleau est blanche, tout comme le regard vers lequel je me dirige. Les buissons forment des renflements irréguliers, la forêt a perdu son aspect étiolé de début d’hiver. Nous sommes coupés du monde. »