Le meurtre du Docteur Vanloo

Armel Job

332 pages

Éditions Robert Laffont, 2023

Fin de lecture 27 avril 2023

Le docteur Vanloo habite en Belgique, non loin de la frontière luxembourgeoise, où il travaille. Dans le petit village de Fontenal, son arrivée a fait fureur : car le bon docteur est également un grand séducteur !

Mais voilà que le corps du chirurgien est découvert dans sa maison, par sa femme de ménage, alors que la porte était verrouillée… Le commissaire Demaret mène l’enquête, qui va le conduire à découvrir tout un pan caché de la vie de Vanloo, ainsi que de celle du village apparemment sans histoire. La Belgique rurale, avec ses fermiers, son vétérinaire, son restaurant de passage : il s’en passe derrière les portes ou simplement dans les têtes des habitants…

« C’est quand la mort est banale qu’elle fait peur aux gens. Devant le cercueil d’un défunt ordinaire, touché par un cancer tout aussi ordinaire, on ne se sent pas rassuré. A qui le tour ? A moi ? Un crime, au moins, ça donne du champ. On peut s’en amuser. Pour une fois, au lieu de nous accabler, la mort a décidé de nous distraire. Elle joue aux devinettes. »

Du village à Bruxelles, les langues se délient, les personnages sont savoureux, et le commissaire doit composer avec une substitute du procureur qui veut montrer qu’elle existe, une juge d’instruction qui veut clore l’affaire au plus tôt pour partir en congés, une épouse bafouée et des couples mal assortis… sans compter sa propre conscience !

C’était pour moi une découverte de l’écriture d’Armel Job, je me suis régalée tant de l’intrigue que de l’humour de l’auteur et ai apprécié le personnage du commissaire et sa fameuse méthode du rond-point.

Neuf parfaits étrangers

Liane Moriarty

508 pages

Albin Michel, 2020

Fin de lecture 12 mai 2023

On m’a donné ce livre, il traînait depuis quelques temps dans ma bibliothèque. Évidemment l’auteure ne m’était pas inconnue, mais je n’avais jamais ouvert un de ses ouvrages.

Je ne regrette pas de l’avoir fait.

On a tous à un moment ou l’autre de notre vie l’impression que celle-ci nous échappe. Qu’il s’agisse de difficultés familiales, conjugales, professionnelles, ou juste un mal-être qui s’installe sans raison apparente.

Pour vous aider, des temples du bien-être ont été érigés, à grand renfort de cures dépuratives et reconstructives hors de prix, histoire de vous mettre en plus sur la paille !

En Australie, Tranquillum House est un de ces endroits où quelques privilégiés peuvent se ressourcer. Neuf personnes s’y retrouvent donc, inconnus appelés à partager une dizaine de jours de soins et de régénération sous l’égide attentive de Masha.

Mais celle-ci a décidé de tenter une expérience particulière avec ses nouveaux hôtes : la promesse du slogan publicitaire de changer leur vie sera tenue au-delà des espérances de la directrice !

Frances, auteure de romans sentimentaux, Ben et Jessica, un jeune couple, Napoleon, Heather et leur fille Zoe, Carmel, maman dépassée, Tony et enfin Lars.

Chapitre après chapitre, le lecteur découvre les célibataires, couples ou famille qui ont été attirés par ce besoin de renouveau. Ils viennent avec leurs soucis, sont remplis de préjugés envers les autres, et vont apprendre à se connaître dans des situations peu conventionnelles.

« Frances n’avait jamais adhéré à l’idée que la beauté est en chacun de nous, un lieu commun que seules les femmes avaient besoin d’entendre, car pour un homme, nul besoin d’être beau pour se sentir un homme. »

Ce livre est addictif : de courts chapitres dévoilent les pensées et enjeux de la cure de chacun des hôtes, ainsi que les curieuses méthodes des soignants… je l’ai lu quasiment d’une traite, tant les histoires individuelles et communes rendent les personnages attachants. L’humour et la critique d’une société des apparences sont omniprésents. Sans oublier bien sûr le volet « thérapie » qui dénonce cette surenchère de gourous plus ou moins diplômés qui promettent monts et merveilles…

Un régal !

Une saison pour les ombres

A consommer avec modération, le vin, mais certainement pas le livre ! ©️ CF 27/03/23

R.J. Ellory

401 pages

Sonatine Editions, 2023

Fin de lecture 8 avril 2023

Je remercie les Éditions Sonatine pour la très sympathique rencontre avec R. J. Ellory et l’auteur pour s’être prêté à la traditionnelle séance de dédicaces. Rencontré lors de précédents salons, l’homme est aussi affable que l’écrivain est tortueux !

Jack Devereaux doit rentrer dans la ville de son enfance pour retrouver son jeune frère qui a été placé en prison suite à une altercation. Durant le très très long trajet entre Montréal et Jasperville, Jack passe en revue l’histoire familiale et du village reclus, ponctuée par les dramatiques disparitions puis décès de plusieurs jeunes filles.

Il s’agit donc à la fois de la chronique d’une époque où la très puissante entreprise d’excavation et d’exploitation minière s’arrangeait pour faire disparaître les preuves des décès suite aux éboulements, afin de conserver ses financements, et la narration de la vie de la famille Devereaux au sein du village isolé.

« Despairville. La ville du désespoir. Rien de plus vrai, rien de plus pertinent que ce surnom. »

J’ai parcouru la jeunesse terrible de Jacques Devereaux dans cette ville au fin fond de nulle part, immergée dans la glace, la neige et l’immobilité. J’ai été touchée par le petit garçon, puis l’adolescent et enfin l’homme mûr qui revient bien malgré lui sur les traces de son passé. Seul un événement impérieux peut le contraindre à revivre dans la maison maudite, à s’imprégner de l’atmosphère pour enfin faire éclater la vérité.

« La conscience est un pays intérieur. On a beau changer de décor, il y a toujours quelque chose qui vient vous rappeler ce que vous avez fait de pire dans votre vie. »

R. J. Ellory crée des personnages entiers, avec leurs failles et leur culpabilité, mais également avec une certaine volonté de revanche sur la vie : ce qui a contraint Jack à partir est finalement ce qui le fait revenir, la violence manifeste qui s’exprime. L’auteur sait également les placer au sein de leur environnement. La ville devient un personnage à part entière, une entité dont il est impossible de s’affranchir, qui vous encercle et vous happe.

« Dans une ville, même la plus petite, même la plus perdue, il y a toujours de la lumière. Mais pas à Jasperville. Là, il n’y avait rien. La nuit enveloppait tout, si bien qu’inexorablement, elle donnait l’impression de pénétrer l’âme de ses habitants. »

Un très très bel ouvrage.

Que celui qui n’a jamais tué me jette la première pierre

Vincent Baguian

220 pages

Éditions Plon, 2023

Fin de lecture le 18 avril 2023

J’avais vu ce titre passer sur les réseaux sociaux, il m’avait fait de l’œil, notamment grâce à sa couverture particulière. A l’instar d’un tapissage d’enquête policière, une série de photographies est disposée, dont certaines marquées d’une grande croix rouge. Photographies de personnes plus ou moins connues…

Lorsqu’il a été présenté lors du club de lecteurs auquel je participe, j’ai donc retenu ce livre pour ma toute prochaine lecture.

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Le docteur Victor Baunard, médecin généraliste installé à La Ciotat, est très apprécié de ses patients.

Sans doute le seraient-ils moins s’ils connaissaient la propension du gentil docteur à éliminer ceux qu’il considère comme des parasites.

En effet, Victor a décidé très jeune qu’il ne lui fallait aucune contrainte.

Roublard mais méticuleux, avec son impassibilité de joueur de poker, le médecin invente mille stratagèmes pour ne pas se faire prendre dans la quête d’assainissement de l’humanité qui est la sienne.

« Je n’ai aucun goût pour le superflu. Mais je jouis, en revanche, sans relâche de tous les plaisirs gratuits de l’existence. Ils sont si nombreux et le temps imparti est si court. Il n’y a par exemple rien de plus épanouissant pour moi que d’ordonner le monde qui m’entoure comme je l’entends ; en fonction du bien et du mal. »

Son œuvre l’amène à côtoyer et rendre la monnaie de leur pièce autant à des notables qui cachent leurs vices qu’à des malfrats, dans le but de se protéger lui-même, mais également sa compagne Framboise et leur fils Gabriel.

Avec sa morale particulière, le narrateur offre un plaidoyer pour la liberté de penser et d’agir… sans se faire prendre, naturellement !

J’ai aimé le ton totalement décalé, je l’ai lu avec un grand sourire, sans cautionner bien évidemment ces graves atteintes à la loi… Fiction, fiction ! Avec un avertissement cependant au regard des scènes intimes très explicites.